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Carlo Pisacane, il «romito» di Albaro (Zenone di Elea - Giugno 2024)

PISACANE E LA SPEDIZIONE DI SAPRI (1857) - ELENCO DEI TESTI PUBBLICATI SUL NOSTRO SITO

LA REVUE SOCIALISTE

RÉDACTEUR EN CHEF: BENOIT MALON

TOME VIII

(Juillet- Décembre 1888)

PARIS

LIBRAIRIE DE LA "REVUE SOCIALISTE”

8, Rue des Martyrs

1888

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CHARLES PISACANE

CONJURÉ ITALIEN ET THÉORICIEN, AVANT 1857, 

DU COLLECTIVISME MATÉRIALISTE FÉDÉRALISTE ET RÉVOLUTIONNAIRE

Charles Pisacane est le chef oublié de cotte héroïque et tragique expédition de Sapri qui, en 1857, ébranla le royaume de Naples et contraignit le roi Bomba, terrifié par l’approche de cent hommes résolus, à se réfugier à Gaête. L’audacieux et impavide révolutionnaire qui tomba sur le champ de bataille est, chose étrange, complètement mis de coté, dans les témoignages de reconnaissance que l’Italie prodigue à ses libérateurs.

Pourtant quel chef révolutionnaire prêta jamais plus que lui à l’auréolement de la renommée? Tout le désignait à l’attention publique. D’origine aristocratique, il était venu au peuple, à la révolution par libre choix; sa martiale beauté, son audace incroyable produisaient une impression durable, tandis que sa pensée vaste, sa volonté forte faisaient de lui un chef écouté et redouté.

Avec cela d’incontestables capacités militaires, un talent d’écrivain inégal,mais plein d’éclairs, qu’anime souvent une inspiration fougueuse et une compréhension large des nécessités politiques et sociales nouvelles; ajoutez une vie romanesque, et le tout couronné par une fin tragique et glorieuse.

Que lui manqua-t-il donc, à ce brillant révolté, pour entrer dans le rayonnement des célébrités patriotiques italiennes?

Il ne lui manqua rien; il eut en trop.

Au moment où Mazzini, en plein sous l’influence spiritualiste de la première moitié du XIX(e) siècle, préconisait le déisme et l’autorité démocratisée, Pisacane se révéla matérialiste et collectiviste révolutionnaire; cela lui valut l’antipathie du grand conspirateur et la haine des futurs renégats, que cette ancienne amitié compromettait. C’était suffisant pour que le silence se soit fait autour d’une grande et noble mémoire; pour que fùt étouffée l’couvre théorique du plus éminent des socialistes italiens.

Protestant contre ce déni de justice dont un fier martyr de la Révolution est victime et contre cette confiscation (véritable assassinai moral) d’une originale et puissante pensée socialiste, nous consacrerons quelques pages à Charles Pisacane, à ses Saggi, dont un exemplaire, pour le moins, a échappé à une systématique et vanadique destruction.

I

Charles Pisacane de Gennaro, due de San Giovanni, naquit à Naples, en 1818, d’une famille de la haute noblesse napolitaine. Il perdit son père de bonne heure et fut envoyé, en 1831, au collège militaire de Nuncìatella, où il fit des études brillantes. Il fut, pendant quatre années, page à la cour royale — ainsi Kropotkine à la cour impériale de Russie, ainsi Vollmar à la cour royale de Bavière. — Le socialisme va chercher ses écrivains et ses combattants jusque dans le palais des rois.

L’homme le mieux doué de volonté a toujours été plus ou moins le jouet de circonstances qui ont incliné sa vie de tel ou tel coté. Ainsi la destinée de l’homme de fer que fut Pisacane a été déterminée par un roman d’enfance.

Vers l’âge de douze ans, le futur révolutionnaire ayant rencontré une jeune fille de son âge, on devint éperdument amoureux, il y avait eu réciprocité et ces enfants avaient échangé des serments d’amour et de mariage. La vie les sépara, mais neuf ans plus tard Pisacane s'en fut à la recherche de la fiancée des jours d’enfance. Il la retrouva mariée. Son désespoir fut dominé par une résolution hardie et bien conforme à un tel caractère.

De la pensée il passa vite à l’action; en février 1847, il enleva la jeune femme et partit avec elle à Londres. De là il se rendit à Paris, où n’ayant pu trouver d’emploi, il se dirigea vers Marseille, S’enrôla, comme sous-lieutenant dans la légion étrangère, au service de la France et partit pour l’Algérie. Sur l’entrefaite, éclata la Révolution de 1848, immédiatement suivie des insurrections patriotiques italiennes. Pisacane revint naturellement combattre pour l’indépendance et la liberté de sa patrie.

Pendant les dix-huit mois de lutte héroïque que soutinrent les patriotes dans la Péninsule, il se distingua, tant par son courage que par ses capacités militaires. Après la défaite, il prit le chemin de l’exil, où il écrivit d’abord: Guerra combattuta in Italia, negli anni 1848-1849 et bientôt après les Saggi, dont nous parlerons.

Mais la vie de la pensée ne suffisait pas à Pisacane. Le 25 juin 1857, à la suite d'une nouvelle conjuration, il s'embarqua, suivi d’une centaine de compagnons courageux, sur le Cagliari qui, de Gènes, devait faire voile pour Tunis, en touchant la Sardaigne.

Dès qu’ils furent en pleine mer, les hardis révolutionnaires contraignirent le capitaine et l’équipage à mettre lo cap sur l’île de Ponza, où était un bagne bourbonien, renfermant beaucoup de condamnés politiques. Arrivés là et étant audacieusement débarqués, ils délivrèrent les détenus au nombre de quatre cents et à leur tète, reprirent la mer et abordèrent à Sapri. Pendant vingt-deux jours, ils combattirent vaillamment les troupes bourboniennes et les paysans armés à la hâte, qu’on avait aussi lancés contre eux. Ils furent écrasés par le nombre à Sala et à Padula. Avec de tels hommes, la défaite ne pouvait être qu’un massacra; plus de la moitié des insurgés, et parmi eux Pisacane, restèrent sur le champ de bataille ou furent fusillés séance tenante (le 23 juillet 1857). Ceux qui survécurent furent envoyés au bagne, d’où Garibaldi et ses Mille les retirèrent, en 1860.

Dans celle brève campagne, Pisacane s’était montré chef audacieux et plein de ressources; mais la partie était trop inégale et il ne pouvait vaincre. Au moins la défaite fut glorieuse; les aventureux martyrs de l'indépendance italienne excitèrent dans toute l’Europe une explosion de sympathies; Pisacane devint le héros du jour. Cela dura peu.

Tant que la presse libérale crut n’avoir à faire qu’à un audacieux patriote, mort héroïquement en combattant, la louange fut sans réserve et bruyante. Il en alla autrement, lorsque la police génoise eut découvert et publié le Testament politique du grand insurgé de Sapri. Charles Pisacane s’y montrait un adepte très violent de ce mème socialisme dont la réaction européenne croyait avoir eu raison pour jamais par des massacres de prolétaires, par des calomnies sans nom et par l’étouffement de toutes les libertés politiques.

Grande fut la déconvenue.

Quoi ! le socialisme était à ce point vivant, que la fraction la plus énergique des révolutionnaires italiens se recommandait de lui, sans se soucier des récents anathèmes do Mazzini (1).

La bourgeoisie libérale sut donc mauvais gré à Pisacane de cette révélation et le silence se fit autour de lui et autour du fameux Testament, que nous reproduisons dans ses parties principales:

«Au moment d’entreprendre une expédition périlleuse, je viens faire connaître mes opinions, afin de répondre d’avance aux critiques du vulgaire, toujours prêt à applaudir les vainqueurs et à flétrir les vaincus.

«Mes principes politiques sont assez connus.

«Je crois au socialisme, mais au socialisme différent des systèmes français, tous fondés sur l'idée monarchique et despotique qui prévaut dans la nation (!): je crois au socialisme qui renferme l’avenir inévitable et prochain de l’Italie et peut-être de l’Europe. Lo socialisme dont je parie peut se résumer en la formule: Liberté et Association.

«Cette idée, je l’ai exprimée dans deux volumes, fruit d’environ six années d’études, auxquels le manque de temps m’a empêché de donner une forme présentable; mais si quelque ami voulait les revoir et les publier, je lui en serais très reconnaissant.

«Je suis convaincu que les chemins de fer, les télégraphes électriques, les machines, les améliorations de l’industrie, enfin tout ce qui développe et facilite le commerce est destiné, par une loi fatale, à appauvrir les masses. Tous ces moyens augmentent les produits, mais ils les accumulent dans un petit nombre de mains, ce qui fait que ce progrès tant vanté n’est en définitive que la décadence; si l’on considère ces prétendues améliorations comme un progrès, ce sera dans le sens qu'en augmentant la misère du peuple elles le pousseront infailliblement à une terrible révolution, laquelle, en changeant l’ordre social, mettra à la disposition de tous le progrès qui s’opère aujourd'hui au profit de quelques-uns.»

Pisacane dit ensuite que l’Italie, pour être libre, ne doit pas s’arrêter au constitutionnalisme; que, quant à lui, il ne ferait pas un pas pour changer un ministère ni mème pour chasser les Autrichiens de la Lombardie au profit du Piémont, le but étant la République sociale. II parie ensuite du devoir révolutionnaire que chacun devra remplir dans la in usure de ses forces, glorifie les conjurations justifie sa propre expédition, en citant divers exemples historiques,et il termine par ces paroles hautaines:

«Je méprise profondément l'ignoble vulgaire qui me condamnera si j'échoue et j'apprécie peu ses applaudissements si je réussis. Toute mon ambition, toute ma récompense, je la trouve dans ma conscience et dans le cœur des généreux amis qui ont partagé mes angoisses (palpiti) et mes espérances; et si notre sacrifice ne produisait rien pour l’Italie, elle n’en serait pas moins glorieuse d'avoir trouvé des gens qui s’immolent valeureusement pour son avenir.»

Ce testament nous montre surtout l’homme: un immense orgueil héroisé par le sacrifice et tempéré par un sentiment très net de la liberté et de la justice.

Les Saggi vont nous révéler le socialiste révolutionnaire; les Saggi, car l'appel de Pisacane fut entendu. Des amis dévoués recueillirent ses manuscrits qui furent publiés sous ce titre modeste de Saggi (Essais), à Génes, en 1860 (2). Seulement, ici se place un d; ces crimes d’intolérance contre la pensée libre, dont les partis politiques ne sont que trop coutumiers. L’édition fut enlevée et détruite en quelques jours, non par un gouvernement, mais (c’est l’opinion générale) par un parti politique militant.

Quoi qu'il en soit, les idées de Pisacane furent inconnues des socialistes italiens de l’effervescente époque bakouninienne, qui va de 1868 à 1873. Et pourtant, que de ressemblance entre le collectivisme anarchiste italien de ces vivantes années et le socialisme révolutionnaire do Pisacane! Notons entre autres concordances, le communalisme économique, comme but, et la propagande par le fait comme moyen. (3)

On a remarqué dans le Testament une violente autant qu’injuste critique de hi Franco et de tout ce qui en vient. Pisacane était,en effet, atteint du mal gibelin: la haine de la France. Ce mal, le génial mais haineux et haïssable auteur de la Divine Comédie, dans son fanatisme aveugle pour le césarisme germanique et dans son exécration de la démocratie guelfe, l’a inoculé à l’aristocratie et à la littérature italiennes, qui ne s’en sont jamais bien guéries.

Les folles et funestes campagnes des Valois ne purent d’ailleurs que fortifier la sombre haine dantesque. Toutefois, cette haine, qui jamais ne pénétra le peuple italien, avait fondu au soufflé de la Révolution française; mais Bonaparte la raviva.

Insistons sur ce point:

«Les Italiens rançonnes, quoi qu’alliés, les villes italiennes dépouillées de leurs gloires artistiques, Génes indignement trompée et spoliée, le pape sauvé à Tolentino, les biens ecclésiastiques, dont la nation italienne voulait avec raison s'emparer, sauvegardés; Venise livrée à l’Autriche, à Léoben et à Campo-Formio; tels sont les principaux crimes par lesquels Bonaparte rendit la Franco révolutionnaire un objet d’horreur en Italie.

«Où Hoche, Kléber, Marceau, Desaix, Championnet, Joubert auraient fait surgir une puissante république italienne, l’alliée contre les rois de la république française, le Corse avide n’avait su que piller, tromper, comprimer, soulevant les haines tenaces.

«Aussi est-ce contre les Francis que furent d’abord fondées,dans les Abbruzes, la Charbonnerie, et dans les Romagnes les Rayons. (Voir Histoire du Socialisme, T. III p 1345 —; voir aussi Histoire de la Révolution italienne par Giuseppe Ricciardi.)

Alfieri, Monti, Ugo Foscolo, et plus tard Leopardi, soufflèrent sur le feu; l’aversion de la France redevint la grande vertu gibeline. Mazzini, Guerrazi, que leur haine du Tedesco oppresseur aurait du préserver du plat germanisme du Dante, continuèrent la tradition que suivit Pisacane, mais que ne suivirent ni Garibaldi, ni Daniel Manin, ni Montanelli, ni Joseph Ferrari, ni Federici, ni Ricciardi, ni Cairoli, ni Cipriani, ni Inule une pléiade de grands esprits et de magnanimes cœurs.

A vrai dire, Pisacane fut piaute un italianissime qu’un anti-français. Son patriotisme surexcité lui faisait voir dans l’Italie la seule grande nation. Tous les non-Italiens étaient pour lui des Barbares. Pourtant, quoi qu’il en eût et quoiqu'il ne reconnut que des Italiens pour ancêtres intellectuels, il était au fond un disciple des plus hardis explorateurs philosophiques de notre incomparable et à jamais glorieux Dix-huitième siècle français, dont il n'a pas d’ailleurs compris la haute portée philosophique, ne prenant que le matérialisme simpliste de l’école de Lamettrie.

Quant au socialisme de Pisacane, il est si peu en contradiction avec le socialisme français, qu'il est fondé tout entier sur cette pensée visiblement empruntée à Fourier:

«Les vertus des individus ne sont que des passions; l’ordre politique peul seul (aire de ces passions des vertus. La nature ne donne que l’énergie d'agir et l’énergie de résister qui peuvent produire les plus grandes vertus et les plus grands vices, selon que le but vers lequel elles sont dirigées est utile ou nuisible à la société.»

Nous dirons mieux. Faites une synchrèse de la philosophie diderodienne, du matérialisme économique de Marx, du garantisme de Fourier, du collectivisme initial de Pecqueur, de la critique sociale de Louis Blanc, du fédéralisme de Proudhon, des procédés insurrectionnels des Babouvistes; passez tout cela au rouge très violent et vous aurez tout le socialisme des Saggi.

Nous ne sommes pas moins en présence d'une œuvre fort remarquable, surtout étant donnée la date de l'élaboration.

En effet, au moment (1854-1856) où Pisacane écrivait les Saggi, la synthèse collectiviste moderne n'avait pas encore été nettement formulée, et la situation de la propagande sociale aurait pu être fidèlement définie par cette adaptation d'un vers célébré:

El le socialisme est en proie à Proudhon qui, en haine du communisme, le mutilait, pour sauver la propriété romaine et la famille bourgeoise.

S’il en était ainsi en Franco, que dire de l’Italie, sinon que l'avoir du socialisme y était pour ainsi dire nul. L’illustre patriote pisan, Montanelli, avait quelque peu propagé le saint-simonisme dans sa patrie (4). D'autro pari, le fouriérisme comptait quelques adeptes à Gènes. C’était tout, comme infiltration étrangère (5).

Le socialisme théorique italien n’était guère représenté que par le Lombard francisé Joseph Ferrari, professeur éminent, philosophe profond, mais socialiste très modéré et qui d'ailleurs vivait en Franco et écrivit généralement en français.

Lorsqu’il était encore professeur de philosophie à Strasbourg, Ferrari fut accusé de prêcher la communauté des biens et des femmes, c’est-à-dire que ses charitables ennemis lui attribuèrent des passages de la République de Platon qu'il avait trop favorablement commentés. A vrai dire, le philosophe lombard n’était nullement communiste, il était purement et simplement démocrate-socialiste, cherchant l’alliance de la propriété individuelle et de l’égalité sociale dont il prédisait l’événement. Son originalité est toute dans ses théories politiques.

Après avoir jeté, chose rare en 1848. la religion chrétienne hors de toute société progressive (6), il conclut à la fédération républicaine de l'Europe, sous l'hégémonie française et avec les pratiques de la révolution et de la raison d'état, comme moyen d'établissement. Il élabora bientôt sa théorie du progrès, appelée par lui l’Arithmétique dans l'histoire et qui est an moins originale.

Cette méthode soumet toutes les histoires à l’unité de mesure d’une période de cent vingt-cinq ans, divisée en quatre temps d’à peu près trente et un ans ou d’une génération. D’après Ferrari, une idée destinée à influer sur la marche des sociétés a donc une période d’évolution de cent vingt-cinq années divisées en quatre phases, qui sont: la préparation, l’explosion, la réaction et la solution.

Il y a des générations de précurseurs, des générations de révolutionnaires, des générations de réactionnaires, des générations de solutionnistes.

Supposons, en effet, que la révolution française ait eu Ironie et un ans de préparation avec Voltaire et les encyclopédistes, que son explosion de 1789 soit dose en 1815 et sa réaction épuisée en 1848.

La solution aurait encore trois ou quatre ans de vie, l’évolution do 1789 serait définitivement accomplie, et le monde, qui ne s’arrête pas, poursuivrait sa marche sous l’influence d’une nouvelle idée et tendrait à une nouvelle révolution.

Telle était justement l’opinion de Ferrari: 1789 sera épuisé, disait-il, dans quelques années. Alors le socialisme entrerà dans sa période de préparation décisive et vers 1904 aura lieu la grande Révolution sociale qui transformera l'Europe et l'Amérique.

«Ces calculs sont toujours relatifs, ajoutait notre philosophe, car il y a des accélérations et des prolongements pathologiques.»

Les principaux ouvrages de ce penseur éminent et sympathique que l’Italie et l'Europe ont perdu en 1876, sont: La Philosophie de la Révolution, La Fédération républicaine, La Théorie des périodes politiques (7).

En dehors de Joseph Ferrari, rien à chercher dans les écrivains politiques italiens du temps.'Qu’ils fussent modérés ou radicaux, qu’ils s’appelassent Gioberti, Rosmini, Mamiani, Tomaseo ou Guerrazzi et Cataneo, ils se livraient entièrement à leurs préoccupations patriotiques et à leur foi dans l’avènement prochain d’un troisième Primato italiano,

Seul, Mazzini, dans ses Lettere agli operaj (lettres aux ouvriers), et dans ses Doveri dell’Uomo (Devoirs de l’homme), petites brochures d'une émotionnante éloquence, avait prêché un semi-socialisme démocratique coopératif et religieux. D’autre part, Ausonio Franchi, l’auteur de Religione del Secolo XIX(0) était allé jusqu'à dire:

«Le fondement de la liberté est dans légalité progressive, pacifique, équitable, proportionnelle du socialisme; égalité qui doit être le fruit des réformes de lois aptes à réparer les injustices et les iniquités du droit catholique féodal... il ne s'agit pas d'appauvrir les riches, mais d’enrichir les pauvres.»

Ces quelques aspirations ne pouvaient usurper le nom de socialisme; Pisacane fut donc le premier théoricien socialiste italien, et si sure fut sa conception des nécessités historiques et économiques modernes, que si sa pensée n avait pas été coupablement étouffée, il aurait de suite pris place parmi les plus notables socialistes de son temps.

Nous tacherons de donner une réduction fidèle du monument socialiste qu’il avait élevé et qu’on n’a pas réussi à détruire entièrement.

II

Pisacane s’efforce tout d’abord d’établir l’impuissance de l’idée dans le développement des sociétés; ce sont les idées qui s'adaptent aux faits et non pas les faits qui procèdent de l’idée, dit-il avec une précision qui fait penser aux hégéliens d’extrême-gauche — c’est-à-dire ceux qui prennent le contre-pied de la pensée du maître, — mais qui dépassent évidemment le but.

La Société, dit-il encore avec une grande exagération, la Société admire les abstractions de la pensée, mais elle n'apprend rien d'elles qui puisse améliorer ses conditions; de mème que personne n’apprend à marcher, on observant les prodiges d’équilibre des acrobates. Abstractions philosophiques et acrobatisme ne sont que des passe-temps.

Et il continue en ces termes (8):

«Qui a créé le monde? Je ne le sais pas. De toutes ces hypothèses, la plus absurde est celle qui suppose l’existence d’un Dieu qui crée l’homme à son image. Le monde existe; c’est un fait. En lui je trouve partout le mouvement, la mème cause vitale qui se manifeste de mille manières, latente dans les minéraux, végétale dans les végétaux, plus complexe dans les animaux et qui raisonne dans l’homme. Le corps et lame sont également immortels; il n’y a pas dans l’univers un grain de sable qui se perd, le corps réduit en poussière rentre dans le sein de la mère nature. L’âme ou le fluide animateur sort de la prison qui lui donnait sa forme, abandonne le corps qui se détruit et ne se prête plus au mouvement, pour se confondre avec la masse fluidique qui erre dans l’espace. La mort n’est que la destruction des formes de l’Individualité. De ce mouvement incessant résultent les rapports de l’homme avec le monde extérieur et des hommes entre eux. Il n’y a pas à rechercher la cause du mouvement universel, mais la lui de ce mouvement.»

Descendant des questions d’origine sur le terre-plein de l’histoire, Pisacane s’efforce d’établir que toutes les iniquités, toutes les misères du passò et du prèsolit proviennent du droit de propriété. En cela aussi il procède avec sa violence habituelle de pensée et de st vie:

«D’où vient que chez les Grands-Grecs et chez les Romains les richesses, en s'accroissant, se sont toujours concentrées dans un petit nombre de mains et quo la misère du peuple s'est toujours accrue en raison de l’augmentation de la richesse sociale?

«La réponse est facile.

«Tout le mal vient du droit de propriété! Du droit qui donne la facilité à quelques-uns de s'enrichir aux dépens du plus grand nombre...

«Aussi sophistes que vous soyez, apologistes de la propriété individuelle, oseriez-vous nier quarante siècles d'histoire? Oseriez-vous prétendre que la misère do la plèbe et l’opulence du petit nombre n'ont pas été les sources de tous les vices qui détruisirent les nations, et que cotte misère de la plèbe et cotte accumulation de la richesse sociale dans un petit nombre de mains ne sont pas la résultante de la propriété individuelle.

«Consultons l’histoire et nous verrons quel fut le sort des peuples dont les richesses s'accumulèrent dans un petit nombre de mains. Nous voyons toujours ces peuples passer par les tumultes, le despotismo militaire et s’éteindre dans la corruption.

«Les plébéiens romains ne cesseront de revendiquer leurs droits contre les usurpations des riches, mais ils n'avaient pas compris que la cause du mal était dans le droit de propriété, et ils furent vaincus; seulement les patriciens aussi expieront leurs crimes quand, par leur faute, Rome dégénérée devint la proie des Césars. Le moyen ago, pour être tombé dans la moine erreur, fut rempli par des crimes et des souffrances sans nom.»

Pisacane ne se flatte pas d’ailleurs de convertir les riches; il ne croit pas a la propagande morale, ni au bon vouloir des privilégiés. Pour lui la guerre des classes qui domine l’histoire ne peut se dénouer que dans une effroyable et gigantesque guerre civile.

Sombre et violente est la conclusion:

«Banquiers et monopolistes, tachez de jouir dans le présent: car l’avenir ne vous appartient pas. Le peuple no peut triompher qu’en abattant tout l’édifice social, et vous périrez sous les ruines. Si au contraire le peuple est vaincu, le despotisme militaire vous attend, votre mort sera plus lente, vous verrez peu à peu la ruine s'acharner sur vous et vous mourrez de consomption; il n'y a pas d’autre alter native... Quand le pauvre n’aura plus rien à manger, il mangera le riche, adit Rousseau, définissant ainsi la Révolution.»

L’écrivain italien, en proio à une sorte d’obsession révolutionnaire qui marque bien son impatience de passer aux actes, insiste à dix reprises sur la fatalité historique d’une prochaine mêlée sociale, sur les sanglantes batailles entre pauvres et riches.

«La Révolution est inévitable, répète-t-il. Elle s'avance avec dès caractères bien distincts: elle procède indépendamment des discussions des savants et l’avenir est déjà fixé, il tient dans ce dilemme: «Association libre ou despotisme militaire.

«Lequel triomphera? la question est douteuse».

Quelles devraient être, en cas de triomphe populaire, les conditions du nouvel ordre social? Voici ce que nous dit en substance Pisacane:

«La nature ayant concédé à tous les hommes les mèmes organes, les mèmes sensations, les mèmes besoins les a déclarés, égaux, elle leur a de la sorte concédé un droit égal à la jouissance des biens qu’elle produit. De mème ayant fait chaque homme capable de pourvoir à son existence, elle l’a déclaré indépendant et libre.

«Les besoins sont les seules limites naturelles de la liberté et de l'Indépendance, en conséquence, si on facilite à l’homme les moyens de satisfaire ses besoins,son indépendance est plus complète.

«L’homme s’associe pour satisfaire plus facilement ses besoins, ou en d’autres termes agrandir la sphère dans laquelle ses facultés s'exercent et pour conquérir une liberté et une indépendance plus grandes. Tout régime qui a voulu mutiler ces deux attributs de l’homme n’a pu étant contre nature avoir d’autre origine que la force.

«De ces lois éternelles et incontestables qui doivent être la base du pacte social émergent les principes suivants qui renferment toute la révolution économique.

1° Chaque individu a le droit de jouir de tous les moyens matériels dont dispose la société, afin de donner un plein développement à ses facultés physiques et morales;

2° Le pacte social a pour objet principal de garantir à chacun la liberté absolue;

3° Indépendance absolue de la vie ou propriété complète de son être propre d’où dérivent:

A. Abolition de l’exploitation de l’homme par l’homme.

B. Abolition de tout contrat qui ne maintient pas le plein consentement des deux parties.

C. Jouissance (nous disons, nous, propriété collective, mais l’idée est la mème) jouissance des moyens matériels indispensables au travail avec lequel il doit pourvoir à sa propre existence.

D. Le fruit du travail personnel inviolable est sacré,

«La seule propriété reconnue est celle qui est le fruit du travail personnel,toute autre prétention à la propriété sera fulminée parles lois.»

Pisacane est, en somme, un collectiviste à tendances égalitaires, mais plus domine par l'idée de liberté que par l’idée communiste.

Voulons-nous plus de précision, nous n’avons qu'à consulter son projet d’organisation révolutionnaire, de l’Italie supposée soulevée contre ses tyrans. (9)

En prévision de cotto éventualité, Pisacane légiféra comme sui!:

1° Les lois, les décrets, les obligations,en un mot toutes les institutions présentes sont immédiatement abolies.

A. Toul contrai qui n’a plus le consentement des deux parties est aboli.

B. Les impôts et toute espèce de charges imposées parie gouvernement passé sont abolis. Il n’y aura plus qu’un impôt unique sur la richesse réparti sur les communes par un congres italien et reparti entre les citoyens par les communes.

1° Tous les citoyens quels que soient leur sexe et leur age se mettent eux-mèmes et melloni leur bien à la disposition de la patrie jusqu'à ce qu’on ait obtenu la première victoire sur les ennemis;

2° Chaque commune sera administrés par un conseil communal élu au suffrage universel et toujours révocable;

3° La puissance politique et judiciaire réside dans le peuple de la commune qui pourra déléguer temporairement des citoyens pour rendre la justice, les condamnés ayant toujours le droit d’appel à la commune;

4° Le conseil communal a pour attribution spéciale de recueillir et de tenir en disponibilité toutes les ressources matérielles demandées par le congres national.

Le Congrès national est le grand pouvoir élu au suffrage universel. Il aura mission de représenter l’Italie devant les puissances étrangères; mais il n’aura sur la commune d’autre autorité que celle de déterminer la quantité de la contribution due à l’État, et le nombre d'hommes que la commune devra fournir pour l'indépendance et la défense de la patrie. La commune récalcitrante pourra être accusée devant la nation par le Congrès national.

L’armée élit ses chefs et est l'exécuteur suprême des ordres de la nation.

Pendant la guerre, le Congrès national s’occupera de résoudre la question sociale; il tiendra aux fermiers et métayers le discours suivant:

«La suspension du payement des rentes vous a substitués aux propriétaires, chose très avantageuse pour vous et pour la société. Vous, producteurs par excellence, vous recevez et gardez justement le fruit de votre travail et la société s'est déchargée du poids de ces oisifs digéreurs (digeritori), qui pour soutenir leur luxe, faisaient renchérir les vivres. Chaque citoyen souffrait à cause d'eux. Maintenant ces fainéants ont été contraints de travailler. Il faut que vous jouissiez de leur abondance d'autrefois. Mais comment? L’expérience a démontré qu’un partage de terre ne peut sauver l’égalité et qu’il en résulterait plus tard, par la force des choses, une nouvelle classe de propriétaires comma celle que vous avez anéantie. D’autre part, le droit que vous avez sur la terre, tout le monde l’a; de la mème injustice dont vous souffriez souffrent vos journaliers, vous leur retenez une part du fruit de leur travail; et il ne faut pas que cela soit; une réforme est donc nécessaire pour éviter le retour des maux que nous avons vaincus. Pour cela, il faut abattre le droit de propriété, il faut changer de principe... Empêcher que les propriétaires renaissent, tel est le problème qui, uni aux autres problèmes concernant l’industrie et le commerce, formera l’objet de tous nos soins.»

Tel est le programme de bataille, d'une violence qu'atteignent rarement les partis révolutionnaires extrêmes et dont ne se rapprochent pas les partis ouvriers socialistes contemporains.

Mais le peuple est victorieux, il faut fonder l’ordre nouveau; selon Pisacane, la question agraire est toujours la première, la plus importante, et les mesures suivantes doivent venir en première ligne:

«Les haies et toutes les clôtures quelconques seront abattues, et le sol italien sera reparti entre les diverses espèces de culture auxquelles il se prête le mieux.

«Une portion de terre proportionnée à la population sera assignée à chaque commune et cultivée par-ceux qui se dédient à l’agriculture, lesquels formeront une société qui établira elle-mème sa constitution si elle ne veut pas accepter celle que proposera la Constituante...

«Toutefois cotte constitution devra être conforme aux principes généraux suivants: Administrateur et directeur élus, contrôlés par un conseil administratif et un conseil de technologie dirigeante. Toutes les autres charges réparties selon les inclinations et les aptitudes de chacun. Le bénéfice net divisé également entre tous. Ainsi la propriété foncière resterait heureusement détruite...»

Cependant le collectivisme préconisé par Pisacane n’est pas seulement agraire. Dans l’ordre industriel aussi, la propriété individuelle doit être restreinte aux produits du travail.

«Le capital étant propriété collective ne peut pas appartenir à un homme, s’en emparer serait commettre une usurpation, les capitaux industriels de toutes les branches seront donc collectifs comme la terre et les prolétaires industriels de toutes les branches de l’activité humaine se réuniront en société productive comme les agriculteurs.

«Tous les édifices et tous les bâtiments seront également propriété collective et tout le monde sera convenablement logé.

«Le droit d’héritage sera aboli.

«L’entrée dans une société productive quelconque est un droit. a Tous les magistrats et fonctionnaires publics sont élus et contrôlés par le peuple. Ils sont toujours révocables.

«L’impôt unique et progressif sur la rente nette des associations sera mis en vigueur...

«L’instruction et l’éducation sont données aux enfants par la société (commune et nation) depuis l’age de 7 ans jusqu’à 18; mais tous les élèves seront externes pour que la vie en commun ne forme pas de sectes et ne diminue pas les individualités.

«Les femmes auront également droit à l’instruction et à rentrée dans les sociétés productives laissées à leur sexe, elles seront dono indépendantes: mais ne pouvant ni ne devant être militaires, elles n’auront pas le droit de vote politique.»

L’autoritaire se révèle ici. En revanche l’homme dont la vie fut remplie par un grand et unique amour se manifeste par ces sages paroles qui rappellent exactement la théorie de Saint Just sur l’amour et le mariage.

«La communauté des femmes n’est pas naturelle, l’amour est exclusif... les différents couples se formeront librement et l’union durera autant que l’amour, celui-ci cessant l’union cesse, car l’amour dans notre pacte social est la seule condition demandée pour légitimation des unions des deux sexes.

«L’homme doit pourvoir à la subsistance de la femme pendant que ses devoirs de mère l’empêchent de travailler.

«Les enfants resteront avec la mère à qui ils appartiennent par la loi de nature. Jusqu’à ce qu’ils aient l’age de sept ans elle pourvoira à leurs besoins avec l’aide du père. De dix sept à dix huit ans la société en assume la tutelle et l’éducation. A dix-huit ans ils sont libres entièrement et pourvoient à leur besoin par le travail, armés de tous les avantages sociaux énumérés plus haut.

«Mon but, dit Pisacane en terminant, a été de prouver que tous les remèdes sociaux seront vains si la propriété individuelle de la terre et des moyens de production n’est pas abolie. Je n’ai indiqué quelques points principaux de la constitution de l’avenir que pour réfuter ceux qui prétendent qu’on ne peut pas vivre autrement que maintenant.»

Son but a été aussi de bien établir que la solution ne peut provenir que des conflits, ce qu’il répète encore dans cette phrase finale contre les oisifs:

«Je conclus en répétant avec les économistes: On n’arrive pas sans pertes sur la brèche; nous ne pouvons pas tenir compte des victimes que le char du progrès écrase dans sa course. Et employant le langage de Malthus nous dirons:

«La nature a prescrit à l’homme de travailler pour vivre,l'oisif n'a pas de place au banquet de la vie, la nature lui commande de s’en aller, elle ne tardera pas à faire elle mème exécuter sa sentence.»

Tel est dans ses lignes générales, le socialisme révolutionnaire de Pisacane, que les politiciens peu scrupuleux ou des amis timorés ont tenté d’étouffer.

Nous en avons donné un résumé fidèle, non parce que nous approuvons tout — puisque nous croyons aux contingents moraux dans l’humanité et que nous admettons la transformation graduelle des institutions, sans admettre les représailles contre les représentants du passé — mais pour donner sa pari de champs et de soleil à une pensée originale et forte; sa pari de souvenir dans la mémoire des hommes à un révolutionnaire éminent et trop oublié qui mourut fièrement, librement, les armes à la main, pour l’instauration de la liberté et de la justice dans le monde.

B. MALON

NOTE

(1) Il est ici fait allusion au fameux manifeste que lança Mazzini, en février et qui commençait par ces lignes:

«Les discoureurs ont perdu la Franco; ils perdront l’Europe, si une saine réaction ne s’opère pas contre eux dans le sein du parti. Grâce à eux, nous en sommes aujourd’hui au Bas-Empire. A force de disputer sur l’avenir, nous avons abandonné le présent au premier venu. A force de substituer chacun sa petite secte, son petit système, sa petite organisation de l’humanité ti la grande religion de la démocratie, à la fui commune, à l’association des forces pour conquérir le terrain, nous avons jeté la désorganisation dans nos rangs. La phalange sacrée, qui doit avancer toujours nomine un seul homme, se resserrant A chèque mort de martyr, est devenue un assemblage de corps francs, véritable camp de Wallenstein. moins le génie du maître.»

Mazzini continue sur ce ton en de longues et éloquentes pages, accusant formellement et injustement le socialisme français d’avoir amené la réaction en épouvantant les progressistes modérés et en divisant les forces démocratiques. Plusieurs de ses critiques étaient certes fondées; mais était-ce bien le moment de les formuler. Un tel manque de tact indiquait un orgueil immense et bien peu de générosité. La lettre de Mazzini ne resta pas d’ailleurs sans réponse. Proudhon répondit de sa meilleure encre, sa lettre commençait ainsi:

«C’est donc chez vous une idée fixe de feruler le socialisme! ce n’est pas assez de la dameur qui depuis quatre mais, en France et par toute l’Europe. appelle l’extermination contre les révolutionnaires du siècle, il faut que vous y joigniez vos instructions pastorales et vos monitoires. Homme d’ordre, homme de gouvernement, ex-dictateur, aspirant pontife, vous tenez à bien constater à la face du monde toute votre horreur pour les misérables qui ont osé tirer la conclusion dernière du mouvement philosophique et social commencé depuis les croisades. C’est sur les -ruines du socialisme que vous posez la première pierre de votre restauration. Et vous choisissez le moment où, de l’aveu de tout le monde, le socialisme est devenu le dernier mot de la Révolution, où des milliers de citoyens qualités, à tort ou à raison, de socialistcs, sont arrêtés, expulsés, internés, déportés à Cayenne et à Lambessa...»

Toute la lettre de Proudhon est dans ce magnifique style. Georges Sand, amie de Mazzini, lui adressa de son côté d’amicales admonestations et lui reprocha d’être atteint du mal sacré: l’orgueil pontifical. Le fondateur de la Jeune Italie ne répondit pas et s’amenda, dans une certaine mesure, puisqu’en 1857 il conspira avec Pisacane, socialiste avéré.

(2) Saggi storici, politici e militari sull’Italia. Vol. quatro, Genova, 1860.

(3) Cette ignorance complète du socialisme de Pisacane par Bakounine est d’ailleurs assez étrange; Giuseppe Fanelli le plus dévoué disciple de Bakounine, avait été compagnon du héros de Sapri. Je crois qu’il en était de même de Friscia, autre bakouniste de marque.

(4) Dans un livre généreux et qui mériterait il d’etre plus connu, un ancien disciple de Montanelli parie en ces termes de l’école saint-simonienne de Pise:

«Malgré les défenses d'une censure soupçonneuse, Montanelli se procura les livres du maître et les nombreuses publications saint-simoniennes qui alors venaient à la lumière à Paris. Son tempérament affectueux et passionné le poussa à l’adoption de la doctrine nouvelle et il réunit autour de lui un groupe de jeunes gens et d’étudiants de Pise, auxquels il inspira les mêmes sentiments.

«On découvrit dans Montanelli une certaine affinité avec Enfantin. Chez tous deux se trouvait un mélange de positivisme et de tendances poétiques, de mysticisme ardent, presque ascétique, qu’accompagnait un sens vif de la réalité. Libres, indépendants dans leurs tendances, sans être moins dogmatiques et disciplinés, ils avaient un même enthousiasme pour les belles-lettres et l’étude des sciences philosophiques; chez tous deux le sentiment moral et religieux, le dévouement à la patrie et à l’humanité étaient très développés et très élevés.

Après la chute du Saint-Simonisme en E rance, la petite croie de Pise continua ses lectures et sa propagande; mais la police du grand-due ne tarda pas à la dissoudre violemment (Davide Levi, deputato al Parlamento italiano: Vita di Pensiero)

(5) C’est ici le lieu de rappeler un fait peu connu. Lorsqu’en 1833 les Saint-Simoniens allèrent en Égypte à In recherche de la femme Messie, c’est Garibaldi, alors capitaine d’un petit navire marchand, qui les transporta. Ces aventureux devaient s’entendre. Avec son éloquence habituelle, Emile Barrault conseigna la doctrine nouvelle au futur héros populaire. Garibaldi très frappe, accepta le Saint-Simonisme dans ses lignes generales. Trente ans plus tard il disait encore: «Avant d’avoir connu Barrault, jamais ma Patrie, depuis que je l'ai entendu, j’aime l’humanité.»

(6) «Le christianisme est inutile, malfaisant, impossible. N’oubliez pas votre ennemi capital c’est le pape: il est l’ennemi du genre humain.»

Ferrari ne traite pas mieux les conservateurs:

«Les conservateurs sont Innocents dans les préparations, bêtes dans les explosions, feroces dans les réactions, endormis dans les solutions.»

(7) Joseph Ferrari s’honora en prenant seul dans le Parlement italien, en 1874, la défense des Internationalistes italiens arrêtes en masse au nombre de plus de 300 et atrocement calomnies par la presse officieuse, pendant que les nouvelles lois répressives qualifiaient l’internationale d’Association de malfaiteurs.

«Ces hommes que vous osez qualifier de malfaiteurs, s’écria en substance Ferrari, sont les précurseurs de l’ordre socialiste plus juste qui succédera, peu après la fin du siècle, à votre ordre bourgeois, qui mourra de ses étroitesses. et de ses iniquités!»

(8) J’ai le plus souvent traduit en résumant, pour donner, en peu de pages, la pensée dans tonte son énergie.

(9) Soulevée contre ses tyrans!... Hélas que l’Italie en est loin en ces tristes temps où un Crispi, la pousse au dépeçage de la France de Magenta et de Solferino, pour obéir au Tedesco abhorré et aujourd’hui glorifié’ dans ses œuvres sanglantes.


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Nicola Zitara mi chiese diverse volte di cercare un testo di Samir Amin in cui is parlava di lui - lho sempre cercato ma non non sono mai riuscito a trovarlo in rete. Poi un giorno, per caso, mi imbattei in questo documento della https://www.persee.fr/ e mi resi conto che era sicuramente quello che mi era stato chiesto. Peccato, Nicola ne sarebbe stato molto felice. Lo passai ad alcuni amici, ora metto il link permanente sulle pagine del sito eleaml.org - Buona lettura!

Le développement inégal et la question nationale (Samir Amin)















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